L’AFIRSE a pour buts le développement de la recherche scientifique en éducation, résolument située dans une perspective critique, et la diffusion et l’utilisation des résultats de cette recherche, en vue d’améliorer les conditions de l’éducation ainsi que l’ensemble des activités et pratiques éducatives. Ses thématiques de travail sont multiples et touchent les différents domaines du champ éducatif. Créée à partir de l’AIPELF (Association Internationale de Pédagogie Expérimentale de Langue Française) à la suite du colloque d’Alençon en 1990 sous la double impulsion de Jacques Ardoino et de Gaston Mialaret, « l’Association Francophone Internationale de Recherche Scientifique en Education » (A.F.I.R.S.E.) est actuellement présidée par Louis Marmoz.
Les objectifs de l’AFIRSE sont pluriels. Il s’agit d’abord de promouvoir les différentes formes de recherche dans le domaine de l’éducation, et avant tout de susciter le débat entre elles. La confrontation est une dimension essentielle de la démarche de l’AFIRSE. Société scientifique, elle intègre la praxéologie propre aux sciences de l’éducation à une pensée philosophique dans une ambiance de convivialité et de rencontres interpersonnelles entre ses membres. C’est pourquoi l’AFIRSE ne s’adresse pas seulement aux enseignants-chercheurs en tant qu’universitaires statutaires, mais elle accueille tous les chercheurs qui se reconnaissent dans ces perspectives, quels que soient leurs statuts ou leurs liens institutionnels. De toute manière, la grande majorité des membres de l’AFIRSE appartient simultanément à d’autres associations ou à d’autres réseaux de recherche.
L’investigation de type scientifique reste au centre des préoccupations de l’AFIRSE. Elle implique une exigence de rigueur et de « rendre compte » aux communautés de référence. La critique épistémologique portant aussi bien sur les conditions de la production des connaissances que sur les modèles et paradigmes privilégiés, enfin sur les méthodologies mises en œuvre, prend une place éminente dans les travaux menés au sein de l’Association. Elle entend ainsi marquer une spécificité dans les différents lieux de la recherche scientifique en éducation francophone.
La science, les savoirs, la connaissance valent aussi par rapport à leur utilité sociale. Indépendamment de leur ambition de progression et d’enrichissement des savoirs déjà acquis, dans l’ordre d’une intelligibilité « pure », ils doivent aussi aider, contribuer, à une optimisation de l’action (praxéologie) toujours nécessaire ainsi qu’à l’expertise des décisions de ceux qui doivent trancher en fonction de leurs responsabilités (politiques, hiérarchiques, opérationnelles…).
Des interrogations critiques portant sur la complexité, les aléas et les incertitudes de l’action (politiques, stratégiques, tactiques…) viendront ainsi s’ajouter aux questionnements plus canoniques intéressant les formes plus ontologiques d’établissement de la vérité. La recherche en effet, aujourd’hui, ne peut plus se contenter de l’ambition d’une forme « canonique » qu’elle affectionnait jusque-là. Dès lors, chercheurs et praticiens se retrouvent, au niveau des pratiques comme au niveau des démarches de théorisation qui voudraient en rendre compte, confrontés à des épistémologies diverses, peut-être irréductibles les unes aux autres, ponctuées par autant de paradigmes.
Avec les sciences humaines et sociales conçues davantage en termes de compréhension que d’explication (au sens de la distinction établie par Dilthey à la fin du dix neuvième siècle, dans le cadre de l’école herméneutique allemande), nous découvrons des objets-sujets-projets beaucoup plus que des objets classiques. Le regard scientifique se retrouve ainsi tissé d’une intersubjectivité inéliminable qu’il va falloir travailler et retravailler jusqu’à la production d’énoncés réputés convenables. Mais, bien sûr, cela ne permet pas, pour autant de dire ou de faire n’importe quoi. L’obligation de justifier (vis-à-vis des « pairs », de la même ou d’autres disciplines, de la communauté scientifique…) ce qui est avancé et de rendre compte de la façon dont cela a été établi subsiste incontournable.
Plus ou moins explicitement, une démarche dialectique, à tout le moins dialogique, est venue s’articuler aux oppositions catégoriques (vrai/faux, science/doxa…), disjonctives, exclusives, pour les relativiser, les moduler, les qualifier de façon plus fine en termes de complexité. Il s’agit également de confronter les méthodologies des approches pluridisciplinaires existantes, les recherches qui en découlent et les productions scientifiques qui en émanent afin de faciliter la compréhension du réel ou de l’imaginaire dans leur hétérogénéité et de relativiser la subjectivité propre à chaque discipline.
Les thématiques de travail sont multiples et touchent de nombreux domaines du champ éducatif, comme le montrent les titres des différents colloques tenus depuis la création de l’AFIRSE.
Toutefois, dans la mesure où le questionnement scientifique est au centre des préoccupations, de l’AFIRSE, la réflexion épistémologique tient une place éminente dans les différents travaux produits en son sein, et marque une spécificité reconnue dans les différents lieux où la francophonie peut être un terreau empreint de particularité et de singularité intéressant aussi la recherche scientifique (sans préjudice des « foyers éventuels de résistance » aux modèles dominants).
La pluralité des paradigmes, et, donc, le caractère multiréférentiel, devenant heuristique au sein des recherches scientifiques, sont des repères essentiels pour notre conception du débat théorique, tout comme pour l’intelligence des situations empiriques.
A la fin de la dernière guerre mondiale, la recherche scientifique dans le domaine de l’éducation était très peu développée dans les pays européens francophones ; seuls reviennent à la mémoire quelques noms : R.Buyse, A.Jadouille et F.Hotyat pour la Belgique, R. Dottrens pour la Suisse. En France, Maurice Debesse s’était aussi intéressé aux problèmes psychologiques de l’adolescent.
En 1953, Robert Dottrens, professeur de pédagogie à l’Université de Genève, aidé de R. Husson de l’Université de Lyon, décida de réunir les quelques chercheurs francophones de l’époque. En 1958 à Lyon, il fut décidé de créer une Association internationale de pédagogie expérimentale de langue française (A.I.P.E.L.F.). La présidence en fut confiée à Gaston Mialaret.
Les congrès internationaux organisés et les thèmes choisis par l’A.I.P.E.L.F. furent les suivants :
Paris : L’enseignement des mathématiques
Sherbrooke : Recherche et pratique éducative
Bruxelles : La formation des enseignants
Genève : Les problèmes de l’orientation scolaire
Tunis : Evaluation de la formation des enseignants
Caen : Recherches scientifiques et formation des formateurs
Au fil des ans, les discussions sur ce qu’était la pédagogie expérimentale ont évolué vers des réflexions sur la notion de recherche scientifique en éducation et, surtout, sur les fondements épistémologiques des méthodologies utilisées dans les recherches.
L’AIPELF, si elle avait voulu rester trop strictement fidèle à son titre, risquait donc d’éloigner les chercheurs scientifiques non-expérimentaux et de devenir étrangère au vaste développement actuel des recherches en éducation. C’est cette prise de conscience collective qui nous a amenés, tout en conservant l’esprit de rigueur d’une association à laquelle chacun reste attaché, à proposer avec le colloque d’Alençon (1990), de modifier les statuts et de changer le nom afin que cette association devienne l’Association Francophone Internationale de Recherche Scientifique en Education » (A.F.I.RS.E.).
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